Le Compte rendu de JB

Publié le par hawai2011

Ironman world championship, Hawaii, 8 oct 2011 : comme dans un rêve !

Jamais mis autant de temps à sortir un compte rendu de course… comme si l’écrire signifiait rentrer pour de bon… J’aurais aimé rester sur mon nuage, continuer à vivre au pays des Bisounours… mais il faut bien redescendre sur terre…

« ll faut rêver très haut pour ne pas réaliser trop bas » (Alfred Capus, journaliste, romancier et dramaturge français).

Faire partie du top 100 était mon rêve secret, mon objectif tu et secrètement gardé, celui qui m’a animé tout le mois de septembre et poussé au cul pour que je me lève aux aurores tous les matins pour aller m’entraîner. J’avais calculé que sur la base des temps de 2008 (9h46 et 193ème), il fallait que je gagne 25 mn ce qui me paraissait proprement impossible. Mais c’était sans compter les « good vibes », les dieux Hawaïens, et mes deux étoiles qui m’avaient accompagné depuis Paris. Avec elles l’échec était impossible !

Les films d’Anne-Laure parlent d’eux-mêmes : acclimatation douce et paisible aux terrrrriiibleeees conditions hawaïennes… quel paradoxe ! De la houle les jours précédents ; un vent à décorner les bœufs qui m’aura permis d’envisager les pires scénarii de course sur la partie vélo et d’être au final agréablement surpris le jour J car ça soufflait « pas pire » ; une chaleur moite et étouffante en course à pied mais anticipée et travaillée à l’entraînement. J’étais prêt.

Comme tous les athlètes, j’ai atterri à Kona gonflé à bloc et prêt à en découdre. Puis je me suis pris mes claques à l’entraînement les jours précédents, me suis senti tout petit face à la démesure des éléments, ai ravalé mon ambition, revu mes objectifs à la baisse… Ce qui a naturellement conduit à une petite crise de confiance à J-2 dans le genre « je vais me faire retourner comme une crêpe ». Mais la surcompensation a encore conduit à un miracle puisque je sors encore LA course qu’il fallait le jour J.

Pour mon pote Javier, la chance n’existe pas à ce niveau. J’ai tellement aimé son mail que je vous le livre : « Pour avoir fait de la compétition [Javier a été cycliste Elite], je sais que la chance n’existe pas. Pour que toutes les conditions soient réunies et faire LA course, il faut gérer une équation vraiment complexe, avec plein de variables (entrainement, repos, technique, soucis du matériel, écoute de soi même, mental…). Cette équation ne donne sa valeur maximale que si les variables sont dans un équilibre, instable par définition. La vraie quête d’un sportif et de trouver cet équilibre et de l’exprimer au maximum le jour J. »

Pas faux. J’étais donc sacrément bien « équilibré » le jour J. Mais je suis également persuadé que j’ai une bonne étoile.

La course…

Ca faisait un moment que je n’avais pas autant flippé avant une course. En outre, j’étais très ému à 30mn du départ. Plus qu’à l’accoutumée, énorme envie de bien faire et de conclure cette saison 2011 en beauté. Et qui sait, peut-être dernier Hawaii ( ???), donc pas question d’être médiocre !

Natation

Quel niveau ! Malgré un départ rapide, je n’ai pu m’extraire de la masse et ai nagé «dans une rame de métro» jusqu’au demi tour. Faits marquants : beaucoup de coups pris, de la houle au large qui m’a «avalé» quelques mouvements de bras, une épingle à nourrice d’un poisson pilote mal fermée qui m’a «dévoré» le bout de l’index (pas bête comme anti-drafting), une dizaine de dauphins qui ont nargué la cohorte de nageurs à quelques mètres de fond… mais je ne les ai pas vus, preuve que j’étais dans ma course.

Sortie de l’eau en 1h02, bien loin de mon temps à Francfort (56’). Je suis de ceux que la combi avantage, moyen policé de constater que je ne suis pas un vrai nageur 

Bonne transition 1 en 2’30. Rapide vu la taille du parc.

Vélo

Gros rythme dès le début. 80km avalés en 2h. Waouh ! En revanche, je constate avec dépit que tous les triathlètes n’ont pas la même mentalité : ça drafte. Heureusement que les arbitres viennent cartonner de temps en temps et faire le ménage.

Je rencontre les premières rafales de vent dans la montée de Hawi mais cela ne me perturbe pas outre mesure : je reprends les paquets de drafteurs qui m’avaient distancé. Jouissif. Je grimpe bien et change régulièrement de position : sur le prolongateur, en danseuse et assis sur la selle en vélocité. Je pense à ma famille et copains pendus à leur PC à Paris. Ca me booste…

Demi-tour, ça va toujours. Je mets à profit les conseils de Tonio en m’alimentant et buvant abondamment car ça va secouer au retour avec des pointes de vitesse à 65km/h et un gros vent latéral : va falloir jouer l’équilibriste pendant 1 petite heure. Comme prévu, ça secoue. Je suis à deux reprises violemment déporté sur le côté de la route. Je croise Fafa qui lui monte vers Hawi et semble doubler un max de monde. Cool !

Un peu de stress lorsque je loupe deux ravitos coup sur coup : au premier je rate la boisson énergétique et ne peux saisir au vol que de l’eau ; au deuxième une bénévole me tend une bouteille… puis la retire au moment où je passe… sympa la blague ! Du coup, c’est double dose aux deux ravitos suivant : je me force à boire quasi entièrement un bidon d’energy drink à chacun d’entre eux.

Le vent souffle de 3/4 face sur le retour jusqu’à l’aéroport. Les écarts se sont faits et la route est clairsemée. Mes lombaires tirent, mais rien à voir avec la douleur de 2008. Le chrono laisse présager un bon temps et j’en viens à rêver d’un sub 4h50. Mais c’était sans compter les 4 km « bonus » (mon compteur annonce 184km) et je pose le vélo en 4h51’54s. On va pas se plaindre quand même : 37,8 km/h de moyenne à Hawaï, je ne suis pas prêt de rééditer.

Premières foulées dans le parc… c’est boooonnnn ça : j’ai des jambes et mal nulle part, mis à part des lombaires un peu tendues… Y’a moyen de « faire un truc » 

Transition 2 propre en 2mn46.

Marathon

Premiers km en souplesse car la course va être longue. Elle commence vraiment au bout de 15 bornes, après la montée de Palani Road. Les 7 premiers km sont un peu raides, je recherche du confort sans vraiment le trouver. Puis tout rentre dans l’ordre progressivement. Je me cale sur un rythme de 7mn / mile, soit entre 4’20 et 4’25 /km (environ 13.5 km/h). L’allure est cool mais la température bien moins car la machine chauffe, voire sur-chauffe… Il doit faire un bon 35°. A grands maux les grands remèdes : glaçons dans la casquette, dans le dos, et…. dans le cuissard ! Ca fait tout drôle et je ne rééditerai pas l’expérience. Je croise Manu, puis Fafa sur le retour d’Ali’i drive. On s’encourage mutuellement.

Montée de Palani Road en très petite foulée et à vitesse minimale… plus doucement tu tombes  … mais je ne veux pas forcer. La moyenne en prend un coup… Puis virage à gauche et c’est parti pour l’aller-retour à Energy Lab. Il reste environ 27 bornes. Comme en 2008, c’est le moment de vérité. « Serrer les dents et envoyer », « serrer les dents et accélérer » (dixit Tonio)… car le retour passera tout seul, l’odeur de l’écurie aidant…

Je rattrape des gars, leur propose de courir à deux en prise de relais, mais apparemment je vais trop vite pour eux… Ca fait plaisir… même si je me retrouve tout seul. Entrée dans Energy Lab. Je lâche la cavalerie dans le faux plat descendant et allonge la foulée. Un peu trop malheureusement et je le paie dans la remontée. Aie ! Allez, on serre les dents… Sortie d’Energy Lab, le parcours redevient plat… et ça repart. Je croise Manu, puis Fafa qui n’est pas si loin. Mes deux amis vont également faire péter le chrono. Super content pour eux.

Comme à mon habitude, j’occupe ma fin de course avec mes « crash cases » ou « scénarii catastrophes ». Ca donne ça : « allez JB, ça fait 8h17 que tu cours et tu es au km 30. Il te reste 12 bornes. Même si tu ralentis à 12 km/h, tu boucleras en 9h17 ce qui est déjà un temps extraordinaire. Tu as déjà gagné, alors continue et fais encore mieux ! » etc… km après km… mile après mile… Je grapille les secondes, je grapille des minutes...

Le retour passe très rapidement comme Tonio l’avait prédit.

Dernière bosse, dernier feu rouge sur la Queen Ka’, virage à droite, et je déboule sur Palani road à grandes enjambées. Que la descente fait mal aux cannes ! Mais c’est la fin, il reste un poil plus d’un km. Le public se fait plus nombreux au fur et à mesure que je me rapproche d’Ali’i drive. Plus que 200m… j’exhulte, serre les points rageur. Mahée et Anne-Laure me font signe. Je m’arrête et me fais doubler par trois... quatre... cinq coureurs, mais tant pis : je serre ma puce dans mes bras. Que c’est bon ! Il reste 200m que j’avale en volant. J’aurais aimé qu’ils fassent 200km... car cette course est passée bien trop vite ! JB-cap.JPG

3h12mn37s pour le marathon. Facile à dire à posteriori, mais je sais que j’ai les moyens de progresser encore.

 77ème au scratch en 9h11mn56s. 43ème amateur. 17ème de ma catégorie (M30-34)

5ème français.

Bravo à Manu et Fafa qui remplissent également leur objectif de belle manière en 9h48 et 10h12.

Merci à ma famille sans qui je n’aurais pas pu réaliser cette belle saison 2011 même si elle n’a compté que trois courses (Championnats de France, Europe, Monde). D’un commun accord, 2012 sera « off ». Mais je reviendrai. Un jour…

 

 

Publié dans La course

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